Dénotation / Connotation : Lecture de l'image
© Samuel Aranda, Sanaa ( Yémen) 2011
Lecture de l’image
Proposée par:
@ EL ALAMI Amine
Au commencemnt était l’Image….
Je vous propose la lecture de l’image en présence, prise par un photographe espagnol, nommé Samuel Aranda, à Sanaa, capitale du Yémen, le 15 Octobre 2011.
Publiée dans le fameux quotidien américain Le New York Times, cette photo a remporté le prix « World Press Photo Award » de l’an 2011, l’un des prestigieux prix du photojournalisme dans le monde entier.
D’emblée, la seule information que nous recevons à propos de cette image est une légende forumlée comme suit: "Une femme portant le voile intégral tient dans ses bras un proche blessé".
Quant au contexte historique, tout le monde le sait, nous le savons tous aussi : Printemps arabe ! Glorieux printemps arabe.
De la noirceur au vide : Un choix esthétique hors norme
Prise d’une manière frontale, l’image peut être subdivisée en trois tiers : Deux tiers sont réservés aux personnes mis en scène avec un contraste bien remarquable vu que la femme est intégralement voilée, tandis que l'homme est apparemment nu. Ce qui engendre une série de dichotomies révélatrices d'un choix esthétique singulier: Le male se joint à la femelle dans une sorte de symbiose, alors que la noirceur du voile féminin règne sur le corps masculin ....
Force est de constater également qu'un autre tiers est consacré au vide. Un vide artistique qui se présente d’abord comme une marge de vie, sinon un espace à part entière, qu’on peut le considérer comme refuge ultime et intime, face à la noirceur de l’image,c'est-à-dire de la vie, du monde.
Ainsi, ce vide, occupant une place centrale dans l’image, peut être vu comme l’arrière plan de toute une vie à laquelle l’être humain (la femme et l’homme n’en sont que des simples représentants iconographiques) sont confrontées : A vrai dire, Les Révolutions Arabes, notamment au Yémen, ont pu nous transcrire tant de clichées concernant la vie, de tous les jours, des gens de tous les jours aussi. Ce vent rafale et violent a pu mettre à nu l’image qui nous habitait et qu’on croyait et voyait vraie et véridique. Et en présence du « tout va bien » qui traverse nos horizons chaque jour, en tout moment et en tout temps depuis toujours, il y a maintenant un vide vivant qui accompagne les gens, qui les entoure (le cas de l’image proposée) sévissant ainsi partout, comme une troisième personne réclamant son droit à la vie, comme l’ombre d’une conscience qui se dessine dans les horizons et les yeux des gens, des simples gens qui essaient de relier leurs vies à la Vie, à nouveau et de nouveau, via le vacarme des révolutions, les larmes des opprimés et les cris des révoltés.
De retour à l’image, deux personnes ayant des bras croisés nous attendent : Elles sont là pour nous monter, pour montrer à l’Homme, à tel point elles se servaient de la solidarité et de fraternité pour survivre, face à la tyrannie des dictatures : Croisons les bras, nous sommes là ! Pourtant vivants, plus vivants que tous les vivants de la terre…
Mais non ! Si nous croisons les bras, disaient l’homme et la femme, c’est parce que nous sommes pleinement vivants ; un tel geste ne peut que témoigner carrément de notre volonté, à la fois farouche et persévérante, de surmonter tout vide existentiel, autant en emporte le vent !
Et vous ! Vous qui lisez en nos yeux toute la noirceur et la terreur des mortels : Que pouvez vous faire ? Que devez vous faire surtout ?
Faites tout ce que vous voulez, sauf ce geste là…ne croisez jamais les bras ! Surtout pas…
Au-delà de ce message que nous déchiffrons dès que les yeux se croisent, nos yeux (lecteurs) et leurs yeux (actant- acteurs), nous constatons, en parallèle, que la femme est liée à l’homme d’une manière très significative : Les deux composantes de l’image occupent ainsi un espace central, (au centre de l’image, c'est-à-dire au centre de la vie), mais surtout elles partagent cet espace d’une manière correcte, créant ainsi une complémentarité intensément forte et décisive. Or, l’absence des visages signifie, d’une manière ou d’une autre, l’absence de tout signe de vie, voire la présence fatale de la mort.
Et voilà ! L’image gravite essentiellement autour d’un contraste ayant une intensité de plomb ; Nous le saisissons à travers la présence du noir et du blanc, deux couleurs qui renvoient à la neutralité, mais surtout à la notion du temps interchangeable, car il y a le jour et la nuit, comme il y a l’obscurité et la lumière…La lumière qui venait cette fois-ci des yeux des révoltés et des opprimés, des mutilés et des lésés. Et c’est elle-même qui donnait vie à l’image, qui donnait vie à la Vie.
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Ce jeu parfait de complémentarité parfaite se poursuit clairement chaque fois que notre regard se fixe sur les composantes animées de l’image. C’est ainsi qu’il existe, au sens plein du terme, un homme nu et une femme intégralement voilée. Et derrière eux, au premier plan, il y a une Lumière dominante donnant âme à l’espace et à l’image en même temps. Certes, une telle lumière ne peut signifie que le retour à la Vie, la présence massive de l’espoir, symbolisant un horizon étendu.
Quant à l’ombre d’à coté et la lumière qui s’installait au fond c'est-à-dire au second plan, nous y revenons…
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